Archives Classiques et Origine des Germains Parties 1 à 3

Archives Classiques et Origine des Germains Parties 1 à 3

 par William Finck

Christogenea.org

PARTIE 1

Les nations du Proche-Orient écrivaient ou gravaient souvent leurs inscriptions monumentales et autres archives dans plusieurs langages. Nous pouvons aujourd'hui en profiter pour accroître notre compréhension des diverses langues anciennes de la région. Avec l'émergence de la Grèce Classique apparurent les questionnements historiques et géographiques qui, comme c'est apparent par les écrits grecs, commencèrent vers la fin du 7e siècle avant JC. Les auteurs grecs se familiarisèrent d'abord avec leur voisin de l'est sous forme de l'empire assyrien, qui s'était terminé en 612 av. JC, puis encore plus avec l'empire perse dont le pouvoir fut consolidé sous Cyrus II vers 540 av. JC. Tandis qu'il y avait eu déjà des historiens et des auteurs grecs d'épopées, historiques par nature, en plus des nombreux poètes dont les œuvres ont survécu, le premier historien en prose sérieux dont le travail ait traversé le temps fut Hérodote, qui écrivait environ 100 ans après la mort de Cyrus. Il peut sembler évident, dès lors, que les premiers écrits grecs concernant l'est furent influencés par les Assyriens, puis plus tard par les Perses et les Mèdes.

Un peuple que les Grecs nommaient Kimmériens avaient envahi l'Anatolie à partir de l'est (voir, par exemple, l'article « Le roi Midas : du Mythe à la Réalité » par G. Kenneth Sams, Archaeology Odyssey, nov.-déc. 2001), à l'époque d'Homère ou juste avant, comme l'atteste Strabon, qui relate que : « Les auteurs des chroniques affirment sans ambiguïté qu'Homère connaissait les Cimmériens, car ils fixent la date de l'invasion des Cimmériens, soit un peu avant, soit à l'époque d'Homère » (Géographie 1.2.9). Afin de dater Homère, voici une note du Greek Iambic Poetry, page 35 (édition Loeb Classical Library), à Archilocus, 5, où il est dit que, comme aussi discuté par Tatien dans son « Le Discours aux Grecs », 31, Homère était un contemporain d'Archilocus, le poète iambique qui fleurissait dans la 23e Olympiade (688-685 av. JC) : « ... au temps de Gyges le Lydien, 500 ans après la Guerre de Troie ». Strabon relate que, ayant détruit la nation des Phrygiens dont le fameux Midas était le roi, les Kimmériens « occupèrent toute la contrée, du Bosphore jusqu'à l'Ionie » et « marchèrent aussi loin que la Lydie et l'Ionie et capturèrent Sardes » (Géographie, 1.1.10; 1.3.21). Après s'être retirés de l'Anatolie (où ils avaient sûrement commencé à accomplir la prophétie d'Ésaïe 66:19, puisque les Ioniens sont Javan et que les Lydiens sont le Lud sémitique de l'Ancien Testament), les Kimmériens se retrouvent habitants des régions au nord et à l'ouest de la Mer Noire, au nord de la Thrace. Le « Bosphore Cimmérien », la moderne Crimée, leur doit son nom (Strabon, 11.2.5). Homère, connaissant ce peuple, inclut plus tard une mention d'eux dans son Odyssée, même si les évènements sur lesquels ce poème épique sont basés datent d'une période bien plus ancienne (la Guerre de Troie prit fin vers 1.185 av. JC), et placer les Kimmériens dans cette région, comme le poète tragique le fait aussi, est anachronique, une erreur de la part d'Homère que les auteurs suivants reproduiront.

Les vagues subséquentes de tribus nomades venues d'Asie devinrent familières aux Grecs et ces gens étaient généralement appelés par le nom de Scythes. Hérodote nous dit que Sakae est le nom que les Perses « donnent à tous les Scythes », pourtant les Grecs retiendront ce nom de Sakae (parfois aussi écrit Sakans par les traducteurs anglais), uniquement pour certains Scythes, et distinguent les autres par les noms de Massagetae, Arimaspi, Däae, Asii, Tokhariens, Sacarauli, etc. (cf. Hérodote, Histoire, 4:11, 48; 7:64; Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique, 2.43.1-5; Strabon, Géographie, 7.3.9 et 11.8.2). Bien qu'Hérodote et les auteurs suivants distinguaient les Kimmériens des Scythes (mais Homère ne mentionna jamais ni les Scythes ni les Sakae), notez qu'ils écrivent longtemps après que les Grecs firent connaissance des Kimmériens et après que les Perses vinrent au pouvoir à l'est, les Assyriens et leur langue, l'Akkadien, ayant fondu dans l'obscurité.

Les Perses eux-mêmes ne distinguaient pas les Kimmériens des Scythes. En effet, dans les inscriptions multi-linguales qu'ils laissèrent à la postérité, il est évident que ces peuples ne faisaient qu'un. Par exemple, dans une inscription akkadienne du roi perse Xerxès sont mentionnés « les Cimmériens Amyrgiens » et « les Cimmériens [portant] des bonnets pointus ». Une note accompagnant la traduction de cette inscription apparaissant dans Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament, édité par James B. Pritchard, Princeton University Press [à partir d'ici, ANET], page 316, nous dit que dans les versions perse et élamite de ce même texte, ces « Cimmériens » sont appelés « Sakans ». Le langage akkadien était la lingua franca du Moyen-Orient du début des empires assyrien et babylonien (ANET, pp. 103, 198), avant qu'il soit supplanté par l'araméen du temps de l'empire perse. Les Grecs du temps d'Homère durent être familiers avec ce langage. La conclusion évidente ici est que Kimmérien vient du mot akkadien désignant ces gens, que les Perses appelaient Sakae et les Grecs Scythes, et que ces différents noms désignent le même groupe de gens, quoique ceux-ci se soient divisés en plusieurs sous-tribus. Les premières de ces tribus à venir en Europe, dans la période assyrienne, furent appelés par les Grecs d'un nom akkadien. Plus tard, dans la période perse, les Grecs appelèrent les vagues suivantes de ces gens (ou peut-être même les descendants de la première tribu) – ainsi que ceux qui restaient en Asie – du nom perse Sakae ou du nom Scythes. Les Grecs peuvent avoir appris le nom Scythe des Scythes eux-mêmes puisqu'une possible étymologie pour ce nom, le mot hébreu succoth (signifiant tente), est très plausible et décrit bien le mode de vie des Scythes et est consistant avec les récits classiques de leurs origines. Cela expliquerait aussi comment le mot Scythe apparaît dans un fragment attribué à Hésiode, qui était regardé par les Grecs comme un contemporain de Homère. Mais il n'est pas sûr que le fragment en question soit bien d'Hésiode et nous ne sommes pas sûrs non plus de l'époque où vivait cet auteur.

Une fois encore, notons les noms sur cette inscription akkadienne particulière des Perses : « les Cimmériens Amyrgiens » et « les Cimmériens [portant] des bonnets pointus ». Comparons cela au langage utilisé par Hérodote, qui discute de certaines nations alliées aux Perses dans l'invasion de la Grèce par Xerxès et qui écrit sur les « Scythes Amyrgiens » et dit que « Les Sacae, ou Scythes, avaient des bonnets foulés et terminés en pointe droite, des hauts-de-chausses » (Histoire, 7.64). Dans une note de bas de page, George Rawlinson écrit : « Selon Hellanicus, le mot Amyrgien était strictement un titre géographique, Amyrgium étant le nom de la plaine dans laquelle ces Scythes habitaient ». Pas de doute que les Cimmériens n'étaient rien d'autre qu'une migration précédente des Scythes, ou Sakae, en Europe.

Tandis qu'Homère ne mentionne jamais les Scythes, Strabon argumente longuement sur le fait qu'Homère connaissait ce peuple, puisqu'il utilisait l'épithète « Hippemolgi » (buveurs de lait de jument), « Galactophagi » (qui se nourrissent de lait) et « Abii » (qui n'ont pas de profession ou vivant de façon simple), à ce sujet voir sa Géographie 7.3.2, 6, 7 et 9. À certains endroits, il cite l'utilisation de ces épithètes désignant les Scythes par Éschyle et Hésiode (dans un fragment qui est aujourd'hui perdu) pour prouver sa thèse. Mais Strabon admet aussi qu'Homère peut fort bien avoir voulu désigner les Thraces, car selon d'autres, les Thraces avaient eux aussi un style de vie correspondant à ces qualificatifs (cf. Géogr. 7.3.2, 3, 4), et il cite Poseidonius. Bien que Strabon hésite en cette matière et semble vouloir croire qu'Homère connaissait vraiment les Scythes, il semble aussi concéder que dans un environnement plus rude tel que celui du nord, un tel style de vie est plus naturel, car les hommes vivent de leurs troupeaux plutôt que de l'agriculture (Géogr., 7.3.8, 9 ; 7.4.6). Le fait qu'Homère puisse avoir voulu parler d'autres tribus du nord, tels les Thraces ou les Slaves, et que les poètes plus tardifs aient tout simplement transféré ces épithètes sur les Scythes, l'argument est plutôt hors de propos. Une fois réalisé que les Kimmériens étaient simplement des Scythes sous leur nom akkadien, fait que les Grecs, plus tard, ne s'expliquaient pas et probablement ne réalisèrent pas, il est certain qu'Homère connaissait les Scythes : cette première vague de Kimmériens venus d'Asie qui détruisirent la Phrygie, menacèrent toute la Lydie et l'Ionie, puis traversèrent vers l'Europe pour aller habiter les contrées au nord de la Thrace. Ce qui est donc validé ici est que les Kimmériens et les Sakae, ou Scythes, sont le même peuple dans les inscriptions orientales, que les Grecs employèrent d'abord le nom akkadien de ce peuple et ensuite seulement le nom perse (noms bien documentés sur les inscriptions orientales avant que ce peuple soit connu dans l'ouest) et que les Scythes venaient de l'Asie comme le relate Diodore de Sicile (Bibl. Hist., 2.43.1-5).

Écrivant sur une période antérieure à la sienne, Hérodote nous dit que les Kimmériens furent dépossédés de leurs terres d'Europe de l'est par les Scythes et raconte une histoire selon laquelle les Kimmériens fuirent en Asie (c'est-à-dire l'Anatolie ou Asie Mineure, là où étaient situés la Phrygie, la Lydie et l'Ionie) pour leur échapper, et que les Scythes, lancés à leur poursuite, les manquèrent et se répandirent en Médie (Histoire, 4.12). Hérodote prend cette histoire chez le poète antérieur Aristeas et, comme son prédécesseur, cherche évidemment à justifier la présence de ces peuples dans le monde grec, l'Anatolie et le Moyen-Orient. Strabon nous apprend que : « Aristeas était un Proconnésien – l'auteur de l'Épique Arismapienne, comme elle est appelée – un charlatan s'il y en eut jamais » (Géogr., 13.1.16). Strabon nous rend service car l'histoire selon Hérodote est impossible. Diodore nous donne une solution bien plus crédible des origines des Scythes. Il relate leurs humbles débuts le long de la rivière Araxes en Médie du nord, expliquant les origines des tribus scythes variées de cette source commune, et leur dispersion vers le nord ainsi que vers l'est aussi loin que l'Inde et vers l'ouest jusqu'aux régions au nord de la Grèce et de la Thrace (Bibl. Hist., 2.43.1-5). Ces migrations peuvent être corroborées grâce à bien d'autres sources, historiques comme archéologiques. Le témoignage de Diodore correspond tout à fait aux récits venant de l'est, telles les tablettes assyriennes découvertes par les archéologues au 19e siècle, et le témoignage de Flavius Josephus dans son Antiquités (voir mon essai précédent, Archives Classiques des Origines des Scythes, Parthes, et Tribus Relatives). Contrairement à la fable d'Hérodote citée ci-dessus, nous apprenons d'autres sources (Strabon, Géogr., 1.3.21) que les Scythes, dirigés par un certain roi Madys, ont chassé les Kimmériens (aucun des auteurs grecs ne réalisa que les Kimmériens étaient Scythes) hors d'Anatolie quelques temps après que la Phrygie ait été détruite. La présence d'une ville nommée Sagalassus dans la Pisidie du nord peut bien être une preuve de la présence scythe dans la région. Le son « saga » ou « saka » apparaît fréquemment dans les noms associés aux Scythes, tels que Arsaces, Massagetae, Sacarauli, Sacasene, etc. Strabon, dans sa Géographie, mentionne à la fois Sagalassus et son peuple, les Sagalasseis, plusieurs fois. Plutôt que des Scythes chassant des Kimmériens du nord vers l'Anatolie, comme Hérodote le prétend, il est beaucoup plus évident et peut être affirmé avec certitude, que les Scythes – parmi eux les Kimmériens – ont migré à travers l'Anatolie à partir de l'est.

Parlant de sa propre époque, Hérodote mentionne Celtica, mais ne semble pas savoir où celle-ci se trouve exactement (à savoir des Pyrénées au Rhin), alors que d'autres auteurs plus tardifs la décrivent ; il est quelque peu imprécis. Hérodote déclare « Ce dernier fleuve [l'Ister ou Danube] commence en effet dans le pays des Celtes, auprès de la ville de Pyrène, et traverse l'Europe par le milieu. Les Celtes sont au delà des colonnes d'Hercule, et touchent aux Cynésiens, qui sont les derniers peuples de l'Europe du côté du couchant. L'Ister se jette dans le Pont-Euxin à l'endroit où sont les Istriens, colonie de Milet » (Histoire, 2:33). Bien sûr, le Danube coule à travers une grande partie de l'Europe, mais il n'a pas sa source aussi loin à l'ouest que l'Espagne, et de loin. De même, par « la ville de Pyrène », on désigne certainement les montagnes Pyrénées ; quelque chose a cloché dans la communication. Malgré cela, nous voyons qu'Hérodote savait que les Celtes habitaient dans l'ouest, près des sources du Danube (qui serait en fait juste au nord de l'actuelle Suisse) et en Ibéria. Plus loin (4:49), Hérodote appelle les Cynésiens « Cynètes », et Rawlinson note que nous ne savons rien de plus de ce peuple mystérieux.

Les tribus germaniques habitant au nord du Danube étaient originellement appelées par les auteurs grecs du nom de Galatae. Strabon, qui vécut environ de 63 av. JC à 25 ap. JC, dit que « ... les Germains qui, quoique variant quelque peu de la souche celtique en cela qu'ils sont plus sauvages, plus grands et ont des cheveux plus jaunes, sont en d'autres aspects similaires; les traits, habitudes et modes de vie sont semblables à ce que j'ai dit des Celti. Je pense également que c'est pour cette raison que les Romains leur donnèrent le nom de 'Germani', comme s'ils voulaient indiquer par là qu'ils sont les 'authentiques' Galatae, car dans le langage des Romains, 'germani' veut dire 'authentiques' » (Géogr., 7.1.2). L'édition de la Loeb Classical Library de Strabon, traduite par H.L. Jones, donne la note de bas de page suivante pour ce passage : « Donc Jules César, Tacite, Pline et les auteurs anciens en général regardaient les Germains comme étant des Celtes (Gaulois). Le Docteur Richard Braungart a récemment publié un énorme travail en deux volumes dans lequel il défend sa thèse que les Boii, Vindelici, Rhaeti, Norici, Taurisci et d'autres tribus, vus leurs outillages agricoles et leurs stratagèmes, étaient originellement, non pas Celtes, mais Germains, et en toute probabilité les ancêtres de tous les Germains (Sudgermanen, Heidelberg, 1914) ». Bien que j'aie quelques désagréments avec Braungart, le fait que les Germains étaient pour les Grecs des Galatae (Latin : Gaules) est clair. Diodore décrit les Galatae qui vivaient audelà (à l'est) du Rhin comme étant blonds et grands, avec une peau très blanche, et il dit qu'ils buvaient de la bière faite d'orge et d'eau dont ils se servaient pour laver leurs gâteaux de miel, ce qui semble décrire une forme ancienne d'hydromel (Bibl. Hist., 5.26.2 ; 5.28.1). Ces Galatae utilisaient des chariots et portaient ce qui semble être une forme de tartan (5.29.1 ; 5.30.1).

Pourtant, il semble que les Celtes n'appartenaient pas originellement aux Galatae. Décrivant les habitants de ce qui est aujourd'hui le sud de la France, dans la région de la moderne Narbonne, Strabon dit de ces gens : « ... les hommes du passé les nommaient 'Celtae' ; et ce fut de ce mot Celtae, je pense , que les Galatae en entier furent appelés 'Celti' par les Grecs – à cause du renom des Celtae, ou bien il se peut aussi que les Massiliotes, tout comme d'autres voisins des Grecs, contribuèrent à ce résultat par leur proximité » (Géogr., 4.1.14). Diodore, dont les écrits nous ramènent vers 36 av. JC, agrée avec cela et nous dit : « Il est utile de faire une distinction dont peu de gens sont conscients : les peuples qui habitent à l'intérieur, au-dessus de Massalia [Marseille], ceux sur les pentes des Alpes et de ce côté des Pyrénées sont appelés Celtes, alors que les peuples établis au-dessus de ce pays des Celtes dans les parties allant vers le nord, le long de l'océan et le long des monts Hercyniens, ainsi que les peuples qui vinrent par la suite, d'aussi loin que la Scythie, sont connus sous le nom de Gaulois [Grec : Galatae] ; les romains, cependant, incluent toutes ces nations sous un seul nom, les appelant tous Gaulois » (Bibl. Hist., 5.32.1). Il est donc évident que les Celtes et les Gaulois furent distincts dans l'ancien temps. Hérodote connaissait les Celtes mais n'utilisait pas le terme Galatae et pourtant très rapidement les termes devinrent synonymes pour les Grecs et les Romains. Polybe, qui écrit vers 146 av. JC, plus de cent ans avant Diodore, utilisait déjà les termes Celtes et Galatae de façon synonyme, même à l'intérieur d'un paragraphe (par ex. Histoire, 2.17.3-5 ; 2.33.1-5). À travers tous ses écrits, Diodore lui-même utilise les deux termes de façon interchangeable, et lui aussi dans un même paragraphe (par ex. 14.113-117), tandis qu'en d'autres occasions il les distingue (par ex. 25.13.1). Diodore n'utilise jamais le terme Germain, mais appelle les tribus vivant à l'est du Rhin – dont il cite le nom pour certaines – Galatae aussi, lorsqu'il parle des conquêtes de Jules César dans ces régions (Bibl. Hist., 5.25.4).

Massalia (ou souvent Massilia, la Marseille moderne) était une ancienne colonie grecque ionienne (les Phocéens sont des Ioniens de Phocis) au pays des Celtes et à leur proximité. Massalia est mentionnée par Hérodote (Histoire 5:9) et fut fondée vers 600 av. JC. Il est plus que probable qu'Hérodote apprit tout des Celtes par ces Grecs phocéens qui avaient fondé Massilia et d'autres colonies occidentales contre une résistance farouche des rivaux Phéniciens et Étrusques (c.f. The Encyclopedia of World History, 6th ed. Houghton – Mifflin Co., 2001, pp. 60-62). Bien que je ne puisse déterminer pour le moment avec certitude si les Celtes habitaient déjà les parties méridionales de la France lorsque les Phocéens fondèrent leurs colonies – il apparaît plutôt que non – ils étaient certainement présents lorsqu'Hérodote écrivait (environ 440 av. JC), et donc les Romains et les Grecs devaient être familiers des Celtes autour de Marseille bien avant que les Galatae envahissent l'Italie.

Pourtant, lorsque les Galatae apparaissent la première fois en Italie du nord, tard dans le 5e siècle av. JC, Tite-Live, l'historien romain, dans son récit, les appelle une « race étrange, des nouveaux arrivants » (Histoire de Rome, 5.17.6-10). Un peu plus tard, vers 390 av. JC, après avoir conquis les Étrusques, ces Galatae détruisirent presque Rome. Mais Tite-Live, lorsqu'il relate la fondation bien plus ancienne de cette cité (5.34.8), appelle « Gaulois » les Celtes autour de Marseille, tout comme ceux qui envahirent Rome. Si les Romains étaient familiers avec les Celtes autour de Marseille lors de la fondation de cette cité, et que les Galates étaient des Celtes, comment Tite-Live peut-il considérer les Galates qui apparaissent au nord de l'Italie 200 plus tard une « race étrange » ? Tandis qu'Hérodote mentionne les Celtes, les Kimmériens et les Scythes d'Europe, il n'utilise jamais le terme Galatae, et peut très bien l'avoir ignoré. Selon la 9e édition du Greek-English Lexicon de Liddell & Scott, le terme Galatae n'apparaît pas jusqu'au 4e siècle av. JC, où il est trouvé dans un fragment attribué à Aristote. Avec tout cela, nous voyons bien de la confusion dans l'application des noms Celte et Gaulois, ou Galatae, dans les temps anciens.

Il existe une solution au paradoxe concernant l'application de ces noms décrits par les historiens anciens, que je vais prendre la liberté de proposer ici. Les Phéniciens étaient de la même origine que les tribus germaniques. Voir mes essais Archives Classiques et Bibliques Identifiant les Phéniciens, ainsi que Archives Classiques des Origines des Scythes, Parthes et Tribus Relatives et les portions subséquentes de cet essai-ci qui va s'efforcer d'établir que les origines germaniques sont Cimmériennes et Scythes. Les Phéniciens, décrits par les poètes tragiques grecs et d'autres, tel que le Romain Virgile, étaient clairs de peau et blonds et colonisèrent les côtes et les vallées fluviales d'Europe occidentale plusieurs siècles avant l'arrivée des Grecs dans ces régions. Il est donc plausible qu'originellement les Celtes aient été des Phéniciens et que ces derniers étaient les peuples identifiés comme « proto-Celtes » par les archéologues modernes, au moins en de nombreuses occasions où ces « proto-Celtes » sont identifiés tels, et que, une fois connus des Grecs et des Romains, les autres tribus apparaissant au nord furent également appelés du même nom car les Grecs et Romains les imaginèrent apparentés (ce qu'ils étaient en fait). Une présence phénicienne sur les côtes ainsi qu'à l'intérieur des terres d'Espagne et de Grande-Bretagne, où ils avaient des mines de métaux comme l'étain et l'argent, peut être établie bien avant que les Grecs et les Romains commencent à écrire sur les Celtes, les Galates et les Gaulois. C'est peut-être une coïncidence, mais la plus petite île au nord-ouest de Malte, au sud de la Sicile, colonisée par les Phéniciens, est appelée Gaulos (actuellement Gozo) dans sa Bibliothèque Historique en 5.12.4. Même si cette hypothèse est conjecturale, elle est en accord avec les témoignages de Strabon sur les noms Celtae et Celti et de Diodore sur les Celtes et Galates, cités plus haut. Ce que tout ceci à a voir avec les Kimmériens et les Scythes deviendra évident dans les parties suivantes.

PARTIE 2

Pour la préparation de ses travaux, Hérodote voyagea beaucoup et visita la plupart des endroits dont il parle dans ses écrits. Un de ces endroits était Istria, une colonie milésienne sur le Danube qui bordait le pays des Scythes (cf. Diodore de Sicile, Bibl. Hist., 19.73.2), où il acquit indubitablement la plupart des ses connaissances concernant les Scythes et l'Ister (le Danube) ainsi que les régions que le fleuve traverse. Décrivant le Danube, Hérodote l'appelle « une des grandes rivières des Scythes », considérant la contrée au nord du Danube comme étant la Scythie, et il mentionne cinq rivières « scythes » notables qui se jettent dans les Danube au nord (Histoire, 4.48, 51). L'historien parle de ces contrées au nord du Danube, connues plus tard par les Romains sous le nom de Germanie, comme suit : « On ne peut rien dire de certain sur les peuples qui habitent au nord de la Thrace. Mais le pays au-delà de l'Ister parait désert et immense [Rawlinson note ici : 'Hongrie et Autriche', plus tard divisions politiques du pays que les Grecs connaissaient sous le nom de Galatia, la Germanie romaine], et n'est occupé, autant que j'ai pu l'apprendre, que par les Sigynnae. Leurs habits ressemblent à ceux des Mèdes. Leurs chevaux sont petits et camus ; leur poil est épais, et long de cinq doigts ; ils n'ont pas assez de force pour porter les hommes ; mais, attelés à un char, ils vont très vite ; et c'est la raison qui engage ces peuples à faire usage de chariots. Ils sont limitrophes des Eneti [Vénètes], qui habitent sur les bords de la mer Adriatique [c-à-d incluant peut-être la Carinthie moderne en Autriche occidentale], et prétendent être une colonie de Mèdes. Mais je ne puis comprendre comment les Mèdes se sont transplantés en ce pays ; cependant tout est possible avec le temps. Les Thraces assurent que les pays au delà de l'Ister sont remplis par des abeilles qui empêchent de pénétrer plus avant. Cela me paraît d'autant moins vraisemblable, que cet insecte ne peut supporter un grand froid ; je crois plutôt que la rigueur du climat rend inhabitables les pays situés sous l'Ourse [les régions du nord, 'l'Ourse se référant à la constellation]. Voilà ce qu'on dit de cette contrée, dont Mégabyse subjugua les côtes [de la Mer Noire] » (Histoire, 5:9-10). Il est donc apparent que l'Europe centrale, une région peuplée quelques siècles plus tard de tant de Germains que les Romains ne purent les soumettre, était fort peu peuplée du temps d'Hérodote, et les gens qui y habitaient étaient connus pour être venus de Médie. Il a déjà été rendu évident ici (voir Première Partie) que les Kimmériens et les Scythes, étant un seul et même peuple, étaient originaires de la Médie septentrionale et de ses environs. Le témoignage d'Hérodote au sujet des petits chevaux au nord du Danube est corroboré par l'archéologie. Par exemple, les chevaux de la culture de Urnfield avaient une taille à l'épaule de 1,25 mètre en moyenne.

Dans The New Encyclopaedia Britannica, 15e édition, volume 3 de la Micropaedia, se trouve un article intitulé « Cimmérien » qui suit les erreurs qu'Hérodote et d'autres commirent concernant les origines des Kimmériens et insiste sur le fait que ceux-ci doivent être distingués des Scythes. L'article déclare que « Les anciens auteurs les confondaient parfois avec les Scythes », bien qu'il ait été montré ici que les Kimmériens étaient vraiment des Scythes par leur nom akkadien (assyrien). L'article se termine en disant sur certains restes archéologiques que « ... peut-être ... la branche occidentale des Cimmériens qui, sous pression des Scythes, finirent par envahir la plaine hongroise et survécurent là-bas jusqu'à environ 500 av. JC ». Tant il est vrai que, comme le dit l'article, les Cimmériens ne sont plus mentionnés dans les témoignages historiques après qu'ils quittèrent l'Anatolie, c'est certainement dû à une confusion sur les noms plutôt qu'à leur disparition. La période qui va de 600 à 500 av. JC est la période généralement proposée pour la dispersion de la soi-disant culture celtique de La Tene à travers l'Europe occidentale. 500 av. JC c'est aussi seulement 100 ans avant la dispersion des Galates dans les contrées Ligure et Étrusque des Alpes et de l'Italie septentrionale.

Quelques temps après Hérodote, du temps d'Aristote, environ un siècle plus tard, et comme l'attestent les lexicographes de la 9e édition du Greek-English Lexicon de Liddell & Scott, le mot Galatae commence à être utilisé. Comme cet essai progresse, il sera illustré pleinement qu'avant l'époque de l'historien Polybe, le mot Galatae commence à être utilisé pour ces tribus apparaissant au nord des Alpes en Europe occidentale et au nord de la Grèce et de la Thrace en Europe orientale, dans des contrées appelées autrefois Scythie par Hérodote. Le mot Scythie, comme le mot Scythe, étaient alors utilisés uniquement pour les tribus scythes d'Asie, au nord du Caucase et à l'est de la rivière Tanaïs. L'origine du mot Galatae, quant à elle, été suffisamment expliquée par les anciens Grecs, pour autant que j'aie pu le voir (Diodore répète seulement un mythe concernant Héraclès et un fils supposé appelé Galates, d'où la fable de l'origine de ce peuple), et il peut être conjecturé que les Scythes du nord, ayant été préalablement appelés par les Grecs « Galactophagi » (nourris de lait) et « Hippemolgi » (buveurs de lait de jument), peuvent avoir été appelés finalement Galatae, de gala, le mot grec pour le lait. Le mot latin Galli, traduit Gaulois en français, est sans doute venu du Grec quoique, et peut-être est-ce une coïncidence, gaulus en Latin signifie seau.

Diodore, après nous avoir informés de la distinction entre les Celtes et les Galates, dit de ceux-ci que « ... certaines personnes disent que ce furent les Galates qui, dans les temps anciens, envahirent toute l'Asie et furent appelés Cimmériens, le temps ayant largement corrompu le mot, qui deviendra Cimbriens, comme ils sont connus aujourd'hui ... » et continue en relatant comment les tribus de ces Galates capturèrent Rome (comme Tite-Live et d'autres l'affirment aussi) et comment ils pillèrent le temple de Delphes en Grèce en 279 av. JC. Après quoi, certaines de leurs tribus envahirent l'Anatolie et furent battus par Attalus I de Pergame, mais négocièrent pour habiter le pays connu plus tard sous le nom de Galatie en Anatolie. Ces Galates « commencèrent à se mixer aux Grecs » et furent donc appelés « Gréco-gaulois ». Ce sont ces Galates pour lesquels Paul écrivit son épître. Diodore ajoute sur ces Galates : « ... et qui, comme dernier accomplissement, ont détruit bien de grandes armées romaines », se référant aux guerres romaines contre les Cimbri (Bibl. Hist., 5.32.4-5). Dans l'édition de la Loeb Classical Library de Diodore, traduite par C.H. Oldfather, on trouve une note de bas de page à ce passage : « Bien des choses ont été écrites pour montrer que la tribu germanique des Cimbriens qui menacèrent l'Italie un peu avant 100 av. JC était en fait des Cimmériens tardifs qui pénétrèrent en Asie Mineure au septième siècle av. JC ». Les Cimbri, après plusieurs victoires étonnantes, furent défaits par les Romains vers 101 av. JC. Strabon nous dit aussi qu'ils étaient Cimmériens et les appelle plus loin « Germains » qui, avec une autre tribu apparentée, les Sugambri, étaient les « mieux connus » des tribus germaniques (Géogr., 7.2.2, 4). Comme les tribus germaniques (Galatae, Kimmériens ou Scythes) grandissaient et se divisaient, et que les Grecs et les Romains commençaient à les connaître, ils furent appelés d'une façon moins générale et plus spécifiquement par le nom de leur tribu. Par exemple, Strabon énumère les tribus de « ces Galates qui habitaient en Phrygie » (Géogr., 12.1.1) en « ... les Trocmi et les Tolistobogii, qui sont nommés d'après leur chef, alors que la troisième, les Tectosages, est nommée d'après une tribu de la Celtica ». Les Tectosages (Tektosagas en Grec, noter la présence de la syllabe saga dans tant de noms relatifs aux tribus scythes) avaient aussi occupé un district près des Pyrénées et auraient été une division des Volcae (Géog., 4.1.12-13 ; 12.5.1). Des Trocmi, Strabon nous dit que cette tribu, vivant près du Pont et de la Cappadoce, était très puissante (12.5.2).

Hérodote avait raison de dire que les Cimmériens avaient été poussés hors de leurs territoires de l'Europe de l'est par les Scythes. Comme il explique plus tard, à sa propre époque les habitants des contrées au nord et à l'ouest de la Mer Noire et au nord de la Thrace étaient des Scythes, et il appelle les terres au nord du Danube la Scythie (Histoire, 4:48, 97). Mais ce n'est pas à cette époque que les Cimmériens détruisirent la Phrygie. Ils l'avaient déjà fait vers 700 av. JC lorsqu'ils étaient en route vers l'Europe. Cette tradition cependant aide à documenter les débuts d'une nouvelle poussée vers l'ouest des tribus « Caucasiennes » ou « Indo-européennes » d'Asie en Europe, de laquelle ces Scythes – d'abord appelés Kimmériens puis Galatae et Kelts par les Grecs – étaient l'avant-garde, et qui continuera tout le long du 5e siècle après JC. Bien sûr d'autres tribus « Indo-européennes », tels que les Grecs et les Romains, avaient depuis longtemps occupé l'Europe méridionale, et (nous en discuterons plus loin) certaines branches slaves de la race avait déjà occupé des portions de l'Europe centrale et septentrionale, comme des colons le firent chez les Grecs. En passant en Europe, les Kimmériens n'iraient pas s'établir seulement en Crimée et dans la région au nord de la Thrace, mais suivraient le Danube vers la Celtique et les Alpes, laissant beaucoup de colonies derrière eux tout le long du chemin. Suivant les Alpes de l'Adriatique à Marseille, les Kimmériens se séparèrent alors et se dirigèrent en Italie, France et Espagne, diffusant la soi-disant culture de La Tene des archéologues et devenant connus des Grecs de l'ouest en tant que Galatae et des Romains en tant que Galii. Strabon nous dit que tous les Celtes cisalpins (ceux du côté romain des Alpes) étaient originaires du côté transalpin (Géog., 4.4.1). Comme nous l'avons déjà vu, les Grecs attestent que les Galates étaient réellement des Cimmériens.

Cela ne devrait pas nous étonner que les Cimmériens aient pu détruire la Phrygie, traverser vers la Thrace et se retrouver dans ce que nous appelons aujourd'hui la France à peine 100 ans plus tard, environ vers 500 av. JC. Le cours entier du Danube ne fait pas 3.000 km, et des sources de cette rivière aux Pyrénées il y a environ 800 km de plus. Les contrées à l'ouest du Rhin et au sud des Alpes sont bien plus attrayantes pour établir des colonies que celles du nord et de l'est, et même du temps de Jules César, les tribus germaniques cherchaient à s'y établir. Par exemple, dans sa Guerre des Gaules, César se plaint que « dans quelques années, tous les natifs [ceux qui habitaient déjà en Gaule, à l'ouest du Rhin] auront été chassés des frontières de la Gaule et tous les Germains auront traversé le Rhin ; car il ne peut y avoir de comparaison entre les territoires gaulois et germains ... » (1:31), gardant à l'esprit que la distinction entre Gaulois et Germains est une distinction romaine tardive. Strabon nous dit des Germains et des Galates (qu'il distingue malgré qu'il nous dise que les Germains sont des Galates, en Géog., 7.1.2), « qu'ils migrent sans problème ... ils ne sont pas agriculteurs ni même ne font de provisions de nourriture mais vivent dans de petites huttes qui sont des abris temporaires ; et ils vivent en grande partie de leurs troupeaux, comme font les nomades, de telle façon que, en imitation des nomades, ils transportent toutes leurs affaires dans des wagons et, avec leurs bêtes, se dirigent vers les régions qu'ils pensent meilleures ». Puis il nous explique que les autres tribus germaniques au nord sont encore plus indigentes, parmi elles les Cherusci, Chatti, Cimbri et autres (Géog., 7.1.3). Cette description des tribus germaniques ressemble à celle qu'Hérodote fait de leurs aïeux Scythes (Histoire, 1:216, 4:46). La distance entre Boston et San Francisco par autoroute moderne est d'environ 4.800 km, beaucoup plus que la distance entre la Mer Noire et les Pyrénées, et seulement 43 ans après que l'ouest fut ouvert aux Anglo-américains grâce à la Louisiana Purchase, il y avait déjà assez d'Américains en Californie pour qu'ils puissent contrôler ce territoire à partir du Mexique dans la Bear Flag Revolt de 1846. Toutes les terres de l'intérieur de l'Amérique du Nord furent aussi colonisées en un temps très court. Les pionniers américains de l'ouest offraient au moins autant de résistance face aux tribus indiennes hostiles, et pas beaucoup d'avantage technologique (à l'exception du fusil à poudre noire) par rapport à leurs ancêtres Cimmériens dans leur colonisation du nord et de l'ouest de l'Europe.

Voyageant tout au long de la vallée du Danube, les Cimmériens, ou Galates, laissèrent beaucoup de colonies derrière eux, là où ils rencontrèrent d'autres tribus blanches ayant habité ces régions avant eux. Parmi ces anciens colonisateurs, nous trouvons principalement les Thraces, les Illyriens, les Milésiens (qui avaient beaucoup de colonies sur le Danube et le long des côtes de la Mer Noire), et d'autres Grecs ; dans les Alpes, les Étrusques, les Ligures et d'autres tribus, tels les Rhaétiens, dont Tite-Live nous assure qu'ils descendaient des Étrusques (Histoire de Rome, 5.33.7-11). Les Phrygiens en Anatolie étaient eux-mêmes une colonie de Thraces (Strabon, Géog., 7.3.2 ; 7.25 ; 10.3.16), qui étaient de la branche slave, ou japhétite, de la race blanche adamique (Tiras, ou Thiyrac dans le Dictionnaire Hébreu de Strong ; Genèse 10:2). Les Illyriens étaient apparemment de la même souche que les Troyens, et Strabon dit qu'à son époque il existait encore une tribu des Illyriens appelés Dardanes (Géog., 7.5.6-7), le nom même par lequel Homère appelle les Troyens. Les Milésiens descendaient des fondateurs Cariens-Phéniciens de Miletus en Anatolie (voir Strabon, Géog., 12.8.5), quoiqu'ils avaient été hellénisés et Miletus considérée comme faisant partie de l'Ionie. Thalès de Milet, le plus fameux de ses habitants et l'un des plus anciens des philosophes grecs connus, était, selon Hérodote, « de descendance phénicienne » (Histoire, 1:170). Les Milésiens étaient aussi, avec les Danéens, parmi les plus anciens habitants de l'Irlande. Les Étrusques se pensaient de souche lydienne d'Anatolie, et étaient donc Sémites (voir Hérodote, Histoire, 1:94 ; Strabon, Géogr., 5.2.2 ; Genèse 10:22 ; Ésaïe 66:19). Ces tribus étaient les inventeurs des cultures de l'Âge du Bronze et du début de l'Âge de Fer de l'Europe Centrale, telles les cultures Tumulus, Urnfield, Hallstatt, Piliny, Lusatien et autres. Les cultures de la Vistule, parmi elles Trzciniec qui précède le Lusatien dans cette zone, la culture de Piliny des modernes Hongrie et Slovaquie ainsi que d'autres cultures de la région ont été reliées à la culture Tumulus par les archéologues. Les Phrygiens d'Anatolie laissèrent derrière eux de nombreux sites d'inhumation du type Tumulus.

Nous trouvons donc, le long du fleuve Danube, de nombreuses tribus des Galates. Strabon mentionne « à la fois les tribus des Illyriens et des Thraces et toutes les tribus des Celtes ou d'autres peuples qui se sont mélangés à eux, aussi loin que la Grèce, [qui] sont au sud de l'Ister (Géog., 7.1.1). Parmi elles nous trouvons les « Scordisci Galatae » des Balkans, mélangés avec des tribus illyriennes et thraces (Géog., 7.2.2 ; 7.5.2 ; Diodore, Bibl. Hist., 34/35.30A) ; les Teuristae ; les Taurisci et Norici (Géog., 4.6.9, 12 ; 7.2.2) ; les Trerens ou Trères qui sont à leur tour identifiés aux Cimmériens et Thraces (Géog., 1.3.21 ; 13.1.8 ; 14.1.40), où Strabon cite Callinus, un poète élégiaque de la moitié du 7e siècle av. JC, qui dit que les Trères étaient Cimmériens (voir Greek Elegaic Poetry, Loeb Classical Library, p. 15, Callinus, I) ; les Iapodes dont on nous dit qu'ils étaient un mélange de Celtes et d'Illyriens (Géog., 7.5.2) et les Boii, dont Strabon nous dit qu'eux aussi étaient un mélange avec les Thraces (7.3.2). Les Cimmériens étaient des Scythes, et comme Josephus, la Bible et les anciennes archives assyriennes le démontrent, étaient donc des descendants de ces milliers d'Israélites qui avaient été déportés par l'empire assyrien. Nous voyons l'accomplissement des prophéties telles celles de la Genèse 9:27, Ésaïe 66:19 et bien d'autres concernant les Israélites de l'Ancien Testament. Cela coïncide également avec les affirmations de Strabon, citées dans la Partie 1 de cet essai, que ces Galates au nord du Danube et de l'est du Rhin étaient appelés Germains parce qu'ils étaient les authentiques Galates (Géog., 7.1.2), tout comme ceux qui se sont avancés au sud du Danube et à l'ouest du Rhin se sont mélangés avec les habitants précédents de ces régions. Ce sont ces tribus thraces, illyriennes et milésiennes (et spécialement ces deux dernières puisqu'elles descendaient des tribus israélites qui avaient migré dès des temps reculés de la Palestine par la mer et étaient donc étroitement apparentés aux Cimmériens-Scythes), qui avec ces Phéniciens et Danéens ayant colonisé depuis longtemps les côtes de l'Europe septentrionale et occidentale par la mer (trop souvent identifiés comme « proto-Celtes » par les archéologues et les anthropologues) et qui, en même temps que les Cimmériens-Scythes-Galates, et même plus tard les Scythes-Sakes (Saxons), migrèrent d'Asie en Europe, formant finalement les nations européennes telles que nous les connaissons aujourd'hui. Les preuves de ce qui précède concernant les Illyriens, Troyens, Milésiens, Phéniciens, Danéens, Scythes etc. peuvent être trouvées dans mes essais antérieurs sur ces sujets : Archives Classiques des Troyens-Romains-Judaïtes ; Archives Classiques et Bibliques Identifiant les Phéniciens ; Archives Classiques Identifiant les Doriens et Danéens et Archives Classiques des Origines des Scythes et Parthes.

Longtemps après la dispersion initiale des Cimmériens, on trouve des Galates attaquant les pays au sud à partir des contrées germaniques au nord du Danube en plein deuxième siècle av. JC. À partir de 279-276 av. JC, ils détruisent une armée macédonienne, envahissent la Macédoine et saquent Delphes (Diodore, Bibl. Hist., 22.3, 4, 9). Juste avant cela et jusqu'en 210 av. JC, les Galates régnaient sur toute la Thrace. Ce fut également dans cette période que les tribus galates retraversèrent vers l'Anatolie et, après avoir subi une défaite face au roi de Pergame, colonisèrent le pays qui devint connu sous le nom de Galatie, comme nous l'avons dit plus haut déjà. Mais vers 168 av. JC, les Galates au nord du Danube furent pris comme mercenaires par les Macédoniens dans leurs guerres contre les Romains (Bibl. Hist., 30.19 ; 31.12-14). Les Cimbres, dans leurs guerres contre les Romains, combattirent à leurs côtés à Noreia (la moderne Neumarkt dans le duché de Styrie en Autriche) ainsi qu'à Arausio (la moderne Orange) en Gaule (Strabon, Géogr., 5.1.8 ; Diodore de Sicile, Bibl. Hist., 34/35.37.1 ; 36.1 et 37.1.5 où les Cimbres, « de stature géante en apparence et excellant dans la force » étaient paraît-il 400.000 dans une bataille, quoique Plutarque nous affirme qu'ils étaient 300.000. Les notes de bas de page pour ces passages dans l'édition de la Loeb Classical Library sont citées ici). L'établissement final de la frontière romaine le long du Rhin et du Danube marquait l'empiètement des tribus germaniques sur les contrées fertiles du sud et de l'ouest pour plusieurs siècles. La présence de tant de Galates dans des régions appelés germaniques, sans que l'on ait d'indication de conflit entre ces peuples – excepté quand ils étaient incités par Rome, plus tard – semblerait plutôt bizarre si nous ne savions que les Galates étaient en fait des Germains (Strabon, Géog., 7.1.2) et que tous ces gens étaient apparentés (4.4.2).

Tout au long de « Les Germains », l'historien romain Tacite essaye de distinguer entre les Germains et les Gaulois selon leur langage et leur style de vie, alors que ces différences peuvent être aisément expliquées par d'autres raisons. Dans le nord plus hostile, moins adapté à l'agriculture, les tribus devaient, par nécessité, adopter un style de vie assez différent de celui des tribus situées plus au sud et à l'ouest, qui habitaient un terrain plus fertile et des zones plus tempérées. En ce qui concerne le langage, des siècles de séparation durant le voyage d'Asie et des influences diverses dues au voisinage d'autres tribus, comme le commerce, la politique, les mariages, etc. (ou leur absence), peuvent sûrement expliquer les nombreux dialectes qui se sont développés parmi les tribus germaniques. Ces raisons peuvent également expliquer les différences de croyances religieuses que l'on trouve entre ces peuples, bien que leurs croyances de base semblent avoir été assez consistantes. Point n'est besoin d'enquêter longuement pour voir les mêmes phénomènes se produire de nos jours. Tacite va si loin qu'il postule que les Gaulois, qu'il voit comme une race distincte des Germains, avaient migré dans le temps vers l'est en Germanie (Les Germains, 28). Maiscela est contraire aux témoignages des historiens plus anciens (Strabon, Diodore) ainsi qu'aux témoignages archéologiques. La culture Hallstatt, quoiqu'attribuée faussement par beaucoup aux Celtes exclusivement, est certainement plus ancienne et se répand plus à l'est que la culture de La Tene. Les témoignages des anciens historiens sont certainement corrects et les Galates, le peuple connu auparavant sous le nom de Cimmériens de l'est et plus tard Celtes, se répandirent dans toute l'Europe aussi loin que le Portugal mais furent par la suite divisés en Gaulois et Germains par les Romains. La prochaine partie de cet essai va discuter des vagues post-Cimmériennes de Scythes en Europe, en retournant de nouveau au 6e siècle avant JC.

PARTIE 3

Avant de discuter plus avant la migration des Scythes en Europe, il est intéressant de parler de la tribu appelée Getae (Gètes). Les écrits sur ces gens ne sont pas très clairs. Strabon dit : « Les Grecs supposaient que les Gètes étaient Thraces » (Géog., 7.3.2), et nous déclare que les Gètes et le peuple apparenté, les Daci (Daces), parlaient la langue thrace (7.3.10, 13), mais n'offre aucune explication de leurs origines. Il les sépare encore dans une phrase où il mentionne « le pays des Thraces et de ceux d'entre eux qui sont Gètes » (7.3.4), mais dit aussi : « Et voyez l'affirmation de Menander à leur propos qui, comme on peut le supposer raisonnablement, n'a pas été inventé par lui mais tiré de l'histoire : 'Tous les Thraces et la plupart de ceux que nous appelons Gètes (et moi aussi je me vante d'être de cette souche) ne sont pas très chastes' » (7.3.4). Comme on pouvait s'y attendre d'après les affirmations de Strabon, Hérodote croyait que les Gètes étaient des Thraces, les appelant « les plus nobles ainsi que les plus justes de toutes les tribus Thraces » (Histoire, 4.93).

Concernant la religion des Gètes, elle semble bien avoir une origine israélite, même si Strabon répète une fable (Géog., 7.3.5) similaire à celle racontée par Hérodote (Histoire, 4:94-96). Les deux auteurs donnent crédit à cette histoire selon laquelle les Gètes doivent leur religion à Pythagore, qui apparemment avait étudié et tiré une bonne partie de sa propre philosophie des Écritures hébreues. Mais quoiqu'il en soit, cette anecdote peut avoir été inventée par quelqu'autre auteur antérieur à Hérodote et Strabon, de façon à rendre compte des similarités entre les croyances des Gètes et celles du fameux Pythagore. Hérodote déclare d'abord qu'un certain Zalmoxis est le dieu des Gètes, mais il donne une autre version également, qu'il rejette par ailleurs, selon laquelle Zalmoxis était simplement un esclave de Pythagore de qui les Gètes avaient tiré leur religion, une histoire proche de celle relatée par Strabon. La connaissance que ce Zalmoxis (Zamolxis chez Strabon) apporta aux Gètes venait, selon Strabon, d'Égypte. Les auteurs mentionnent aussi la croyance des Gètes en l'immortalité de l'âme, leur monothéisme ainsi que d'autres idées ayant des parallèles dans la religion israélite. Dans une discussion concernant les législateurs, Diodore de Sicile parle aussi de Zalmoxis « parmi les gens connus comme Gètes qui se présentent comme étant immortels » (Bibl. Hist., 1.94.2), mais ne nous dit rien de plus sur ce personnage ni sur la religion des Gètes. Cependant, lorsqu'il nous parle des Galates, il compare leurs croyances dans l'immortalité et dans la métempsychose à la philosophie similaire de Pythagore (5.28.6), chose que Strabon (Géog., 4.4.4) et Jules César (Guerres de Gaules, 6:14) relatent également à propos des Celtes.

Thucydide, le général et historien athénien, écrivant vers 420 av. JC. Dans « Histoire de la Guerre du Péloponnèse », décrivant une guerre précédente entre la Thrace et la Macédoine, liste les nations enrôlées dans cette guerre qui était sous la direction du roi thrace Sitalces, parmi elles « Les Gètes et les peuples de ces régions [nord de la Thrace] voisines des Archives Classiques et Origine des Germains 15 Scythes et armés comme le sont les Scythes, tous des archers montés sur des chevaux ... Il [Sitalces] amena aussi beaucoup de ces Scythes qui habitent les montagnes et qui sont des hommes libres ... et sont appelés Dii, la plus grande partie d'entre eux sont sur les monts Rhodope ... » (2:95-96). Sur ces Dii, Strabon, qui écrit environ 400 ans plus tard, dit que les Daces de son époque, qu'il déclare être une division des Galates « étaient appelés Daï dans le passé », mais refuse de les attacher aux « Scythes qui sont appelés 'Daae', car ils vivent bien plus loin, dans les environs de l'Hyrcanie » (Géog., 7.3.2). Pourtant Thucydide identifie les Dii, certainement les Daï de Strabon, comme étant des Scythes. Autre part, Strabon n'avait aucun mal à relier entre eux des groupes éloignés de Galates, comme les Tectosages des pays celtes et ceux d'Anatolie.

Il apparaît donc que tandis que les Gètes peuvent vraiment avoir été une division des Thraces, ils pourraient aussi avoir été des Scythes tombés sous domination thrace à une époque plus reculée; mais on ne peut décider avec certitude. Diodore utilise le terme Thrace et Gètes de façon interchangeable, comme quand il décrit la défaite et la capture, et la libération qui suit, de Lysimachus, le roi macédonien qui envahit le pays des Gètes vers 292 av. JC (Bibl. Hist., 21.12.1-6). Mais Strabon, réalisant que l'origine des Gètes n'est pas entièrement claire, déclare : « En ce qui concerne les Gètes, leur ancienne histoire restera inconnue » (Géogr., 7.3.11). Strabon cependant ne considère pas les Gètes ou les Daces comme des Germains car il les distingue lorsqu'il discute la lutte contre les Romains (7.3.13). On doit supposer que si les Gètes étaient vraiment des Thraces, et pas des Scythes, leur religion, décrite par les Grecs de telle façon qu'elle apparaît très proche de celle des Hébreux, peut avoir une origine israélite d'une manière différente, car il est évident que de nombreux siècles avant les auteurs cités ici, les premiers Thraces eurent beaucoup de rapports avec les Phéniciens et les Troyens, ces deux peuples étant de souche israélite, comme on peut le démontrer.

Parlant d'une époque plus proche de la sienne, Strabon nous dit que le pays des Gètes est adjacent à celui des Suèves (Suebi), qui est à l'ouest du leur. Strabon compte certainement les tribus germaniques des Marcomanni et des Quadi parmi les Suebi, comme le fait également Tacite (Les Germains, 42, 43), et Strabon mentionne aussi ces tribus individuellement (Géogr., 7.1.3 et 7.3.1 où Strabon nous dit que les Quadi avaient une frontière commune avec les Gètes). Les Marcomanni avaient déplacé les Boii qui habitaient au nord du Danube en Bohème (qui doit son nom aux Boii) vers 8 av. JC, époque à laquelle les Quadi vinrent habiter les districts de la Moravie et alentour, à l'est. La contrée des Marcomanni recouvrait à peu près ce qui est aujourd'hui la République Tchèque et une partie de l'Autriche septentrionale, plus le territoire des Quadi qui est appelé aujourd'hui la Slovaquie (ancienne Moravie) et une partie de la Hongrie. Le pays des Gètes, décrit par Strabon, occupait une grande partie des modernes Roumanie et Hongrie orientale, et était connu des Romains sous le nom de Dacia. Strabon dit encore que les Gètes « non seulement laissèrent désolés les terres des Celtes qui étaient mélangés aux Thraces et aux Illyriens, mais causèrent la 16 Archives Classiques et Origine des Germains disparition complète des Boii, qui étaient sous le règne de Critasirus, ainsi que des Taurisci » (Géogr., 7.3.1, 11 ; 7.5.2). Ces Boii habitaient à cette époque le sud du Danube, au nord-est de la Mer Adriatique. Du temps de Tacite, comme celui-ci le décrit dans « Les Germains » (43), on ne trouve pas de Gètes au nord du Danube, car il n'en fait aucune mention. Par contre, il place dans ces régions deux tribus des Suebi, les Marsigni et les Buri, une tribu dont il dit qu'ils sont Celtes, les Cotini et une tribu qu'il décrit comme Pannonienne, les Osi (la distinction que fait Tacite entre les Germains et les Celtes sera discutée plus loin dans cet essai). La Pannonie, approximativement équivalente à la portion septentrionale de la moderne Croatie (l'Illyrie était approximativement équivalente à la portion côtière de cette même Croatie) semble avoir été occupée dans des temps plus anciens par un mélange de tribus Celtes, Illyriennes et Thraces (Strabon, Géogr., 7.5.3, 4, 10) ; les provinces de Noricum, Pannonia, Moesia et Rhaetia, au sud du Danube, furent créées par Auguste César au début du premier siècle. Les Osi peuvent avoir été des Gètes car Tacite les distingue des Cotini uniquement par le langage. Mais il est évident que la plupart des Gètes furent forcés de migrer vers le sud à cause de la puissance grandissante des tribus germaniques au nord et à l'est. Laissons les Gètes à présent et retournons aux témoignages plus anciens sur les Scythes et sur leurs migrations en Europe du nord.

Diodore de Sicile nous informe que les Scythes trouvent leur origine le long de la rivière Araxes en Médie septentrionale et que leur dispersion vers le nord les amena à occuper toutes les terres des montagnes du Caucase au sud jusqu'à la rivière Tanaïs (le Don moderne) et leur dispersion vers l'est les amena aussi loin que l'Inde. Il nous dit ensuite que, traversant la rivière Tanaïs, les Scythes occupèrent la Thrace (Bibl. Hist., 2.43.1-4 ; 3.55.10). Cette rivière Tanaïs était vue comme marquant la frontière entre l'Europe et l'Asie (Strabon, Géogr., 2.5.26, 31). Autre part, discutant de l'ambre, Diodore dit que « directement opposée à la partie de la Scythie située au nord de la Galatie, se trouve une île en pleine mer appelée Basilea (« roi »). Sur cette île, les vagues de l'océan rejettent de grandes quantités de ce qui est connu sous le nom d'ambre, ce qui ne se voit nulle part ailleurs dans le monde habité » (Bibl. Hist., 5.23.1). Par « Galatie », Diodore entend ici les contrées des Galates en Europe. Une note de l'édition de la Loeb Classical Library identifie cette île avec l'île de Héligoland : « [...] Cary, dans The Ancient Explorers, 38, de Cary et Warmington, qui placerait les frontières occidentales de la Scythie du nord au moins aussi loin que l'embouchure de l'Elbe. Pourtant Tacite, dans Les Germains (45), parlant de la tribu germanique des Aestii, dit : 'Ils sont le seul peuple collectant l'ambre – glaesum est leur propre appellation pour cette matière [sûrement l'ancien anglais glaes, glass en anglais moderne] – dans les haut-fonds ou même sur les plages' ». Les Aestii sont décrits comme occupant les côtes de la Baltique, et nous pouvons donc voir que la « Scythie » de Diodore s'étendait, si pas aussi loin à l'ouest que l'Elbe, néanmoins presque aussi loin, au-delà de la Vistule, et bien à l'intérieur des territoires historiquement germains. Tacite appelle la Baltique « la Mer Suébienne », d'après la tribu germanique connue sous ce nom. Plus loin, Diodore décrit le pays des Galates : « Comme la Gaule est en grande partie située sous la constellation de l'Ourse, l'hiver y est long et extrêmement froid. Car dans la saison de l'hiver, pendant les jours nébuleux, il tombe beaucoup de neige au lieu de pluie ». « Sous la constellation de l'Ourse » signifie que ce pays se situe à l'extrême nord de l'Allemagne, étant donné que Diodore décrit également le Rhin et le Danube dans ce chapitre (Bibl. Hist., 5.25.1 et suiv.).

Écrivant bien longtemps avant Diodore, Hérodote nous dit du commerce de l'ambre : « car je ne conviendrai pas que les barbares nomment Éridan un fleuve qui se jette dans la mer du Nord, et dont on dit que nous vient l'ambre » (Histoire, 3:115). Dans son édition, George Rawlinson écrit cette note à propos de ce passage : « Ici, Hérodote est plus que prudent et rejette comme fable ce que nous savons être vrai. Le district de l'ambre sur les côtes de la mer du Nord sont les côtes de la Baltique près du Golfe de Dantzig et les embouchures de la Vistule et du Niemen, qui sont toujours de nos jours les meilleures régions du monde pour trouver de l'ambre. Le nom Éridan nous relie au Rhodaune, la rivière qui baigne le côté ouest de la ville de Dantzig. Le mot Eridanus (= Rhodanus) semble avoir été employé par les premiers habitants d'Europe, spécialement pour désigner des rivières de fort débit ». Une partie du refus d'Hérodote de croire au récit est que « en premier lieu, le nom Eridanus n'est manifestement pas un mot barbare du tout mais un mot grec », et c'est vrai puisque ce mot apparaît pour désigner des rivières en Grèce et en Italie (voir Strabon, Géogr., 5.1.9 ; 9.1.19 ; Hésiode, Théogonie, 337-345 ; Batrachomuomachia, 20). Le nom latin pour le Rhône était Rhodanus, équivalent au mot grec Eridanus. L'existence d'un tel nom à Dantzig, où Rome ne régna jamais, peut révéler une part grecque dans le commerce de l'ambre de la Baltique. Les Milésiens et les Thraces avaient des colonies sur et au nord du Danube, comme l'Histoire et l'archéologie nous le révèlent, avant la présence scythe en Europe, et ces deux peuples ont certainement exploité les régions avoisinantes pour de telles ressources. On se rappelle de l'île appelée « Basilea » par Diodore ; Hérodote mentionne une tribu de Scythes qui migra en Europe et qui était appelée les « Scythes Royaux », dont les autres tribus scythes étaient vassales (Histoire, 4:6, 7, 11, 20, 56, 57, 59), et Strabon mentionne aussi une tribu scythe appelée « Basiléens », ou « Royaux », en Europe septentrionale (Géogr., 7.3.17).

Tandis qu'Hérodote ne corrobore pas le récit des origines des scythes donné par Diodore, sa narration historique concernant les Scythes supporte clairement le témoignage de celui-ci. Hérodote nous dit que le roi perse Cyrus échoua dans sa tentative de conquête des Scythes après qu'il eut traversé la rivière Araxus, au nord de la Médie, et les Scythes opposés ici à Cyrus sont identifiés comme des Massagètes (Histoire, 1:201-216), dont Diodore nous dit qu'ils étaient une division des Scythes (Bibl. Hist., 2.43.5). Deux générations plus tard, comme le roi Darius se préparait à une invasion de la Grèce (conduite plus tard par son fils Xerxès), il décida de conquérir d'abord la Macédoine et la Thrace, ce qu'il réussit à faire, puis de partir à la conquête des Scythes au nord de la Thrace en traversant le Danube, et quoiqu'il put retourner sain et sauf, il ne put conquérir les Scythes d'Europe (Histoire, 4:93, 97 ; 5:17). Strabon discute également de l'expédition de Darius contre les Scythes au nord de la Thrace (Géogr., 7.3.8), et explique que ces mêmes peuples contre lesquels Darius se battait étaient en réalité des Sakae, « de souche Scythe » qui « avaient habité l'Asie productrice de blé », citant Choerilus de Samos, un poète épique qui vécut vers la fin du 5e siècle av. JC (7.3.9). C'était le « désert des Gètes », le pays duquel Darius fut forcé de se retirer (7.3.14). Diodore nous parle aussi des guerres des Grecs contre les Scythes d'Europe, plus tard, d'abord sous Philippe de Macédoine, « quand il eut conquis par des guerres les Illyriens, les Paeoniens, les Thraces, les Scythes et tous les peuples qui les entouraient » (Bibl. Hist., 16.1.5), et plus tard par Lysimachus, qui régnait sur la Macédoine en tant que l'un des successeurs du fils de Philippe, Alexandre le Grand (19.73.1-5). Diodore place ces Scythes à l'ouest de la Mer Noire. Polybe mentionne aussi le passage de Darius à travers la Thrace pour attaquer les Scythes d'Europe (Histoire, 4.43.2). Autre part, cependant, Polybe ne mentionne pas les Scythes en Europe mais seulement des Galates, qu'il considère comme étant toujours une menace pour les Grecs de son époque, vers 146 av. JC (2.35.9).

Hérodote, décrivant l'Ister (le fleuve Danube), dit : « Partant de l'ouest, c'est le premier des fleuves scythes », et il cite cinq rivières « réellement scythes » qui se jettent dans l'Ister à partir du nord, en commençant par le Pyretus à l'est, « appelé par les Scythes Porata », sûrement la Prut moderne (Histoire, 4:48). Tandis que nous ne pouvons affirmer avec certitude quelles sont les cinq rivières qu'Hérodote avait à l'esprit, puisque leur nom ne sont pas tous reconnaissables de nos jours, dans le National Geographic Atlas of the World, huitième édition, figure 55, une « carte physique d'Europe », on trouve huit rivières nommées qui sont affluentes du Danube à partir du nord, six dans la Roumanie moderne (le pays décrit par des auteurs plus tardifs comme le pays des Gètes et des Daces, discuté plus haut) qui sont, en allant d'est en ouest, le Prut, le Siret, l'Ialomita, l'Arges, l'Olt et le Jiu, et deux dans la Hongrie actuelle, le Timas et le Tisza. Là où Hérodote compte le Danube en tant que rivière scythe « à partir de l'ouest », il doit vouloir parler de cette portion du fleuve qui coule du nord au sud, traversant l'actuelle Hongrie. Sans aucun doute, la perception d'Hérodote de la Scythie va vers l'ouest jusqu'à l'Autriche actuelle. Même si nous ignorons pourquoi Hérodote nomma seulement cinq rivières tributaires du bas Danube à partir du nord, et pas huit, il semble cependant qu'il ait eu connaissance du cours du Danube et des rivières qui y affluent aussi loin que l'actuelle Autriche. Il décrit les rivières qui nourrissent le Danube par le sud aussi loin à l'ouest comme « la contrée au-dessus des Ombriens », c'est-à-dire l'Italie du nord (4:49). De cette région, deux rivières, la Sava et la Drava (leur nom actuel) coulent des Alpes et vont se jeter dans le Danube. Hérodote appelle le Danube lui-même « une des grandes rivières scythes » (4:51).

Les contrées scythes aux environs de la côte nord de la Mer Noire furent d'abord habitées par ces Scythes que les Grecs appelaient Kimmériens (voir partie 1 de cet essai), d'où le nom de Crimée, et plus tard appelés Galates. Poussant vers l'ouest, les Scythes migrèrent aussi au sud du Danube très tôt et prirent là-bas des terres aux Thraces, terres qui seront connues plus tard sous le nom de « Petite Scythie » et qui sont adjacentes à la Mer Noire. Strabon nous dit que les Scythes chassèrent aussi les Gètes entièrement au sud du Danube (Géogr., 7.3.13 ; 7.4.5 et 7.65, où on nous dit que les Scythes « traversaient souvent le Danube »). Hérodote distingue la région scythe au sud du Danube de la « Vieille Scythie » au nord du Danube (Histoires, 4:99). Beaucoup de commentateurs modernes assument que les anciens Gètes étaient les Goths qui envahirent bien plus tard Rome (au 5e siècle après JC). Ce n'est cependant pas possible, car les invasions gothiques sont bien documentées et il est bien connu que les Goths ne traversèrent pas le Danube avant le 3e siècle après JC. Il est cependant possible que si les Gètes étaient originellement des Kimmériens ou des Scythes plus tardifs qui s'étaient mélangés avec des Thraces (comme l'atteste Strabon, cela arrivait souvent), plutôt qu'étant des Thraces d'origine, alors ces noms sont réellement reliés et décrivent différentes divisions d'un même peuple. Mais nous ne pouvons le déterminer avec certitude.

Selon la description de la « Scythie » en Europe faite ici, elle s'étend jusqu'aux bords du Danube et aux côtes de la Mer Baltique (Tacite appelle cette mer la Mer Suébienne, d'après les tribus germaniques du même nom). Nous avons aussi une citation d'Éphore, un historien du 4e siècle av. JC qui écrivit un traité, « Sur l'Europe », où il dit que les Celtes habitaient dans « les parties à l'ouest » et les Scythes dans « les parties d'où le vent du nord souffle » (Géogr., 1.2.28). Avec Diodore et Hérodote, nous avons vu que la « Scythie » était perçue comme s'étendant profondément en Europe Centrale. Les Scythes étaient des peuples du nord à cette époque, et pas seulement des peuples d'Asie, mais nous avons vu aussi les témoignages que ces peuples du nord étaient originaires d'Asie. Pourtant, Diodore et Polybe, parlant des peuples au nord du Danube à leur époque, mentionnent des Galates et pas des Scythes. Il est donc évident que Strabon, dans ses descriptions de l'Europe du nord et son utilisation des termes Galates et Germains pour les peuples habitant ces mêmes régions, enfourche l'ancienne terminologie grecque. De même pour Diodore, et par la suite les Romains, car du temps où Strabon écrit, les Romains contrôlaient la majorité du monde habité et avaient essayé à de nombreuses reprises de conquérir les peuples germains du nord du Danube et à l'est du Rhin. Strabon cite donc des auteurs plus anciens, du temps où les peuples du nord étaient connus sous le nom de Scythes, et écrivant à propos de sa propre époque, il les appelle des Galates et des Germains. On ne doit pas oublier, cependant, que tandis que Strabon distingue souvent les Galates des Germains, il a décrit clairement ces Galates au sud et le long du Danube comme s'étant mixés avec des Illyriens, des Thraces et d'autres tribus, alors qu'il considère les Germains comme étant les authentiques Galates. Diodore de Sicile – même s'il écrit du temps de Jules César (qui utilisait le terme Germain) et vénère grandement celui-ci – n'utilise pas le terme Germain mais seulement Galate (interchangeable avec Celte) pour décrire ces peuples, tout comme le faisait Polybe avant lui. Le terme Germain dans Strabon devrait toujours être interprété comme signifiant Galate authentique, comme il l'explique lui-même de l'origine du terme chez les Romains (Géogr., 7.1.2), et comme il le dit, bien que les Galates et les Germains soient distincts, ils sont apparentés (4.4.2).

Strabon nous dit que le Rhin divise la Celtique et la Germanie (Géogr., 2.5.28, 30). Parlant des Galates de Celtique, Diodore les décrit comme « grands de taille; ils ont la chair molle et la peau blanche: leurs cheveux sont naturellement blonds », et nous dit qu'ils rendent leurs cheveux encore plus blonds en les lavant à la chaux (Bibl. Hist., 5.28.1). Strabon nous dit des Germains qu'ils sont « plus grands et ayant des cheveux plus blonds » que les Galates de Celtique (Géogr., 7.1.2). Diodore de Sicile place apparemment les frontières de Scythie sur l'Elbe (Bibl. Hist., 5.23.1 ; 5.32.1-3), mais Strabon nous dit que l'Elbe (il l'appelle « Albis ») divise la Germanie en deux parties (Géogr., 1.2.1). Hérodote, nous l'avons vu, appelle les contrées d'Europe Centrale du nord du Danube Scythie. D'après toutes ces descriptions, nous en tirons que la portion orientale de la Germanie de Strabon est clairement la Scythie européenne des auteurs anciens : Éphore, Hérodote et Diodore. Nous allons voir dans les parties suivantes que la Germanie de Tacite s'étend jusqu'à la Mer Noire.

Strabon nous dit des auteurs anciens : « Tous les peuples du nord étaient appelés par les anciens historiens grecs du nom général de 'Scythes' ou 'Celto-Scythes', mais les auteurs encore plus anciens, faisant une distinction entre eux, appelaient ceux qui vivaient au-dessus de l'Euxine [Mer Noire], de l'Ister [Danube] et de l'Adriatique, Hyperboréens, Sauromates et Arimaspiens, et appelaient ceux qui vivaient autour de la Mer Caspienne en partie des Saces [Sakae, Sakes, la même chose en Grec] et en partie des Massagètes, mais ils ne pouvaient donner aucune description précise de ces gens, bien qu'ils aient rapporté une guerre entre Cyrus et les Massagètes » (Géogr., 11.6.2). Ici, Strabon critique Ctesias, Hérodote et Hellanicus, entre autres, bien que sa critique envers Hérodote soit sans doute injustifiée en partie. Strabon lui-même est dans la confusion en citant les « Hyperboréens » dans une liste de peuples historiques, puisqu'il nous dit par ailleurs que ce mot est une description générale qui signifie « les peuples les plus au nord » et non pas le nom d'un peuple spécifique (1.3.22). Après avoir critiqué Hérodote pour avoir douté de l'existence réelle des « Hyperboréens » (se référant à Histoires, 4:13, 32-36), Strabon lui-même les qualifie plus loin de « mythiques », révélant sa propre confusion à ce sujet (Géogr., 7.3.1). Mais finalement les liens entre les Celtes, les Galates, les Germains, les Kimmériens et les Scythes, à travers les différentes étapes de l'Histoire, nous deviennent plus claires.