L’origine Catholique Romaine des doctrines du Futurisme et du Prétérisme
L’origine Catholique Romaine
des doctrines du Futurisme
et du Prétérisme
par Clifton A. Emahiser
«Avec trop de variétés pour être détaillées, nous trouvons qu’il a existé, et existent toujours, deux grandes écoles opposées d’interprétation, la Papale et la Protestante, ou la Futuriste et l’Historique. La dernière regarde les prophéties de Daniel, Paul et Jean comme décrivant pleinement et fidèlement le cours entier de l’histoire chrétienne ; la première s’occupant principalement d’un fragment de temps dans le futur, près de sa fin».
«Il est soutenu par beaucoup que l’école d’interprétation Historique est représentée uniquement par une petite section moderne de l’Église. Nous montrerons qu’elle a existé depuis les débuts et inclut la plus grande partie des plus illustres et meilleurs enseignants de l’Église depuis 1.800 ans. Nous montrerons que les Pères de l’Église y adhéraient ; que les plus érudits des commentateurs médiévaux y adhéraient ; que les confesseurs, réformateurs et martyres y adhéraient ; et qu’elle a inclus une vaste multitude d’auteurs érudits plus tard. Nous montrerons que tous ces gens ont adhéré à la vue selon laquelle la prophétie reflète fidèlement l’histoire chrétienne comme un tout et pas seulement un fragment du début ou de la fin de cette histoire …».
«Il doit être noté qu’aucun des Pères ne souscrivait à la théorie de l’intervalle Futuriste, la théorie selon laquelle le livre de la Révélation saute presque dix-huit siècles d’histoire chrétienne, plongeant d’un coup dans un futur distant et se dévouant entièrement à prédire les évènements des toutes dernières années de cette dispensation. En ce qui concerne le sujet de l’Antichrist, il existait un agrément universel parmi eux concernant l’idée générale de la prophétie, bien qu’il y ait eu des différences dans les détails, ces différences provenant principalement de la notion selon laquelle l’Antichrist serait d’une certaine façon juif aussi bien que Romain. Il est vrai qu’ils pensaient que l’Antichrist serait un homme individuel. Leur première position témoigne suffisamment de cela. Ils n’avaient aucune conception et ne pouvaient avoir aucune conception de la vraie nature et de la longueur de la terrible apostasie qui devrait apparaître dans l’Église Chrétienne. Ils n’étaient pas des prophètes et ne pouvaient prédire que l’Église allait rester dix-neuf siècles dans le désert et passer à travers une persécution amère et prolongée sous une succession de dirigeants nominalement Chrétiens mais apostats, prenant la place des anciens Césars et émulant leurs actions antichrétiennes».
L’origine papale du Futurisme
«Nous montrerons que l’école Futuriste d’interprétation, au contraire, est représentée principalement par des enseignants appartenant à l’Église de Rome ; que les papes, cardinaux, évêques et prêtres de cette Église apostate sont tous Futuristes, et que l’interprétation Futuriste est l’un des piliers principaux du Romanisme».
«L’ancien système Futuriste d’interprétation de la prophétie se retrouve maintenant, c’est étrange à dire, chez beaucoup de Protestants, mais il fut originellement inventé par le jésuite Ribera, à la fin du seizième siècle, afin de délivrer la papauté du terrible stigmate qui lui fut appliqué par l’interprétation protestante. Il était tellement évident que cette interprétation était la vraie et qu’elle était voulue, que la papauté sentit qu’elle devait être détournée ou tempérée. Si la papauté était l’Antichrist prophétisé, comme les Protestants l’affirmaient, la question était réglée et le devoir devenait impératif de se séparer d’elle».
«Premièrement, notez le fait que la réponse de Rome à la Réforme au seizième siècle incluait une réponse aux enseignements prophétiques des Réformés. Par les jésuites Ribera et Bellarmine, Rome mit en avant son interprétation Futuriste de la prophétie. Ribera était un prêtre jésuite de Salamanque. En 1585, il publia un commentaire sur l’Apocalypse, déniant l’application des prophéties concernant l’Antichrist à l’Église de Rome existante. Il fut suivi par le Cardinal Bellarmine, un neveu du pape Marcellus II, qui naquit en Toscane en 1542 et mourut à Rome en 1621. Bellarmine n’était pas seulement un homme de grande érudition, mais ‘‘le plus puissant controversiste en défense de la papauté que l’Église Romaine ait jamais produit’’. Clément VIII utilisa ces mots remarquables lors de sa nomination : ‘‘Nous l’avons choisi parce que l’Église de Dieu ne possède pas son égal dans l’enseignement’’. Bellarmine, comme Ribera, s’était fait l’avocat de l’interprétation Futuriste de la prophétie. Il pensait que l’Antichrist serait un homme particulier, qu’il serait un juif, qu’il serait précédé par la réapparition de l’Énoch et de l’Élie littéraux, qu’il rebâtirait le temple juif à Jérusalem, imposerait la circoncision, abolirait les sacrements chrétiens, abolirait toute autre forme de religion, dénierait manifestement et ouvertement le Christ, assumerait être le Christ et serait reçu par les juifs comme leur Messie, prétendrait être Dieu, ferait parler une image littérale, feindrait sa propre mort, ressusciterait et conquerrait le monde entier — Chrétien, Mahométan et païen ; et tout cela en l’espace de trois ans et demi. Il insistait sur le fait que les prophéties de Daniel, de Paul et de Jean en référence à l’Antichrist ne s’appliquaient en rien au pouvoir papal».
«Il n’y avait que deux alternatives. Si l’Antichrist n’était pas un pouvoir actuel, il devait être un pouvoir passé ou futur. Certains auteurs affirmaient que la prédiction parlait au passé de Néron. Cela devint la vue Prétériste. Cette vue ne prenait pas en compte le fait évident que le pouvoir prédit de l’Antichrist devait succéder à la chute des Césars et se développer parmi les nations gothiques. L’autre alternative devint dès lors la vue populaire parmi les papistes. L’Antichrist était dans le futur, ainsi pensaient Ribera, Bossuet et d’autres. On attendait un homme individuel et pas une dynastie ; la durée de ce pouvoir ne serait pas de douze siècles et demi mais de seulement trois ans et demi ; il serait un ennemi ouvert du Christ et pas un faux ami ; il serait un juif et s’assiérait dans le temple juif. La spéculation sur le futur remplaça l’étude du passé et du présent ainsi que la comparaison attentive des faits de l’histoire avec les prédictions de la prophétie. Ces évènements étaient liés, affirmait-on, non pas avec le cours principal de l’histoire de l’Église mais seulement avec les quelques années finissant son histoire …».
«La troisième, ou vue Futuriste, est celle qui enseigne que les visions prophétiques de la Révélation, des chapitres 4 à 19, préfigurent des évènements qui prendront place entièrement dans le futur et non pas dans cette dispensation, sauf juste à sa fin …
Dans sa forme présente, cependant, on peut dire que cette opinion trouve son origine à la fin du seizième siècle avec le jésuite Ribera qui, désireux de débarrasser la papauté du terrible stigmate que l’interprétation protestante avait jeté sur elle, essaya de le faire en appliquant ces prophéties au futur lointain, plutôt que, comme Alcazar, au lointain passé. Pendant une période considérable, cette vue resta confinée aux Romanistes et fut réfutée par plusieurs travaux magistraux protestants. Mais dans ces dernières années, depuis le début de ce siècle, elle retrouva vie et se développa, c’est étrange à dire, parmi les Protestants. Elle fut ravivée par des auteurs tels que les deux Maitlands, Burgh, Tyso, le Docteur Dodd, les dirigeants du ‘‘Brethren’’ [A→] [→A] « Frères » généralement et également par quelques auteurs Puseyites …».
« En ce qui concerne le Futurisme, pendant quelque trois siècles, cette opinion était virtuellement confinée aux Romanistes et fut réfutée par plusieurs travaux magistraux protestants. Mais dès le début du dix-neuvième siècle, elle ressurgit toute fraîche, cette fois parmi les Protestants — Samuel R. Maitland, William Burgh, J.H. Todd — et plus récemment elle fut adoptée par la plupart des Fondamentalistes. En 1826, Maitland raviva l’interprétation Futuriste de Ribera en Angleterre. Les Plymouth Brethren, organisés en 1830 par John Nelson Darby, à Dublin et à Plymouth, adoptèrent également l’interprétation de Maitland. Et lorsque le High-Church Oxford Movement (1833--1845) prit l’ascendance en Grande-Bretagne, il rejeta l’école protestante Historique d’interprétation et adopta généralement le Futurisme, quoique certains parmi eux balancèrent vers le Prétérisme. S’enflammant complètement en 1833, ce mouvement prétexta de l’interprétation de Maitland comme argument en faveur de la réunion avec Rome. Le rationalisme germanique, d’un autre côté, se moquait de plus en plus de la prophétie et des prédictions. Les manigances jésuites de contre-interprétation eurent dès lors encore plus de succès que ce que leurs auteurs auraient jamais pu oser en attendre».
«C’est un sujet de profond regret que ceux qui adoptent et promeuvent le système Futuriste aujourd’hui, Protestants qu’ils sont pour la plupart, sont en réalité en train de jouer le jeu de Rome et aident la papauté à faire écran dans sa détection comme Antichrist. Il a été justement dit que ‘‘le Futurisme tend à oblitérer la marque mise sur la papauté par l’Esprit Saint’’. Et cet état de fait est encore plus spécialement à déplorer à une époque où l’Antichrist papal semble faire des efforts aspirant à retrouver son ancienne main-mise sur l’esprit des hommes».
Les origines papales du Prétérisme
«La première manigance, appelée Prétériste [mais pas la marque d’Alcazar], considère que ces prophéties ont été accomplies lors de la fin de la nation juive et de l’ancien Empire Romain, limitant ainsi leur portée aux six premiers siècles de l’ère Chrétienne, et faisant de Néron l’Antichrist.
Ce plan trouva son origine avec [plutôt grandement élargi par] le jésuite Alcazar vers la fin du seizième siècle ; il fut adopté et enseigné avec des modifications variées par Grotius, Hammond, Bossuet, Eichhorn et d’autres commentateurs germaniques, Moses Stuart et le Docteur Davidson. Il trouve peu de partisans aujourd’hui et il n’est pas besoin de le décrire en détail».
«Certains auteurs affirmaient que la prédiction parlait au passé de Néron. Cette vue ne prenait pas en compte le fait évident que le pouvoir prédit de l’Antichrist devait succéder à la chute des Césars et se développer parmi les nations gothiques».
«La réponse de Rome à la Réforme Protestante présentait deux volets, bien que conflictuels et contradictoires. Par les jésuites Ribera, de Salamanque, Espagne, et Bellarmine, de Rome, la papauté mit en avant l’interprétation Futuriste. Et par Alcazar, jésuite espagnol de Séville, elle avança presque simultanément l’interprétation conflictuelle du Prétérisme. Ces deux vues devaient se rencontrer et écraser l’interprétation Historique des Protestants. Quoique mutuellement exclusives, l’une ou l’autre de ces alternatives jésuites convenait aussi bien au grand objectif, puisque toutes les deux détournaient l’Église de Rome existante de la cible des prophéties. L’une accomplissait cet objectif en faisant stopper la prophétie juste avant la carrière papale de Rome. L’autre atteignait l’objectif en faisant franchir à la prophétie l’immense ère de la domination papale, plaçant l’Antichrist dans un petit fragment de temps d’un futur lointain, juste avant la grande consommation. Cette dernière alternative est par conséquent souvent appelée la théorie de l’intervalle …
Concernant les deux alternatives, présentées par Ribera et Alcazar, consignant l’Antichrist soit dans un lointain passé, soit dans un lointain futur, Joseph Tanner, l’auteur Protestant, offre ce témoignage :
‘‘Par conséquent, vers la fin du siècle de la Réforme, deux de leurs docteurs les plus instruits se mirent à la tâche, chacun d’eux s’efforçant par différents moyens d’accomplir le même but, à savoir divertir l’esprit des hommes de la perception que l’accomplissement des prophéties sur l’Antichrist est le système papal. Le jésuite Alcazar se dévoua à mettre en évidence la méthode Prétériste d’interprétation, dont nous avons déjà brièvement parlé, et donc à montrer que les prophéties concernant l’Antichrist avaient été accomplies avant même que les papes régnassent sur Rome, et de cette façon, qu’elles ne pouvaient pas s’appliquer à la papauté. D’un autre côté, le jésuite Ribera essaya de faire oublier l’application des prophéties au pouvoir papal en amenant le système Futuriste, qui affirme que ces prophéties se réfèrent effectivement, non pas à la papauté, mais à un individu surnaturel devant apparaître dans le futur et rester au pouvoir pour trois ans et demi. Comme le dit Alford, le jésuite Ribera, vers 1580 ap. JC, peut donc être considéré comme le fondateur su système Futuriste des temps modernes’’».
«E.B. Elliott déclare explicitement le même fait, lui assignant seulement des dates différentes ; et bien d’autres, tel le Docteur Candish d’Édimbourg, soutiennent ces accusations. Le fait est donc établi.
Le Rév. E.B. Elliott, cité par Froom dans le paragraphe précédent, est ce grand érudit anglais de l’Université de Cambridge. Dans son chef-d’œuvre littéraire en quatre volumes, Horæ Apocalypticæ, ou Un Commentaire sur l’Apocalypse, Critique et Historique, Elliott soutient les évidences selon lesquelles à la fois l’interprétation Prétériste et l’interprétation Futuriste de la prophétie trouvent leur origine à Rome :
Il fut déclaré, dans la conclusion de mon Sketch of the History of Apocalyptic Interpretation, qu’il existe présentement deux, et seulement deux, grands contre-plans généraux à ce que l’on peut appeler la vue Historique Protestante de l’Apocalypse : cette opinion qui regarde la prophétie comme une préfiguration de grands évènements qui doivent arriver dans l’Église et dans le monde qui lui est lié, de l’époque de Saint-Jean à la consommation, incluant plus spécialement l’établissement de la papauté et le règne de la Rome papale, comme l’accomplissement, d’une manière ou d’une autre, des types de la Bête de l’Apocalypse et de Babylone. Le premier de ces contre-plans est celui des Prétéristes, qui voudrait faire stopper la prophétie juste avant la papauté, l’expliquant par les catastrophes de la nation juive et de la Rome païenne, un plan dont il existe deux variétés suffisamment distinctes ; le second est celui des Futuristes qui, dans sa forme originelle, veut faire passer la prophétie par-dessus la tête de la papauté pour l’appliquer dans des temps futurs …»
«L’École Futuriste, fondée par le jésuite Ribera en 1591, voit l’Antichrist, Babylone et un temple reconstruit à Jérusalem à la fin de la Dispensation Chrétienne.
L’École Prétériste, fondée par le jésuite Alcazar en 1614, explique la Révélation par la chute de Jérusalem [en 70 ap. JC], ou par la chute de la Rome païenne en 410 ap. JC».
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